Peut-être vous êtes-vous déjà posé des questions comme les suivantes :
- Pourquoi est-ce si facile pour un enfant d’apprendre sa langue maternelle et si difficile pour un adulte d’apprendre de nouvelles langues ?
- Pourquoi les langues à travers le monde sont-elles si différentes tout en ayant tant en commun ?
- Comment le cerveau humain peut-il transformer des séquences de sons en un flot aussi impressionnant d’informations ?
La discipline qui peut répondre à de telles questions est la linguistique.
La linguistique est l’étude scientifique du langage. C’est une discipline qui existe depuis des millénaires, mais qui n’a connu son véritable essor qu’à compter du XXe siècle en tant qu’approche scientifique des faits de langue.
Pourquoi étudie-t-on la linguistique ?
Il n’y a pas de domaine de la vie sociale dont la langue soit absente. Les sociétés humaines sont continuellement confrontées à des problèmes de nature linguistique. Les préoccupations liées au choix des langues dans les sociétés multilingues et à la survie des langues menacées guident l’élaboration de politiques d’aménagement linguistique. Le développement de sociétés éduquées repose crucialement sur le développement des habiletés langagières des citoyennes et citoyens, tant à l’oral qu’à l’écrit, et l’alphabétisation des populations est un enjeu de société majeur.
Le langage est l’une des facultés humaines les plus complexes. Au niveau de la compréhension de l’être humain, la description des langues offre une fenêtre inestimable sur le fonctionnement du cerveau humain. Ainsi, l’une des contributions majeures de Noam Chomsky, la figure dominante de la linguistique au XXe siècle, a été de placer l’acquisition du langage au cœur de la théorie linguistique : étant donné que toute personne normalement constituée maîtrise une ou plusieurs langues, on doit se demander quels aspects de la langue sont appris à partir des apports de l’environnement, quels aspects proviennent d’éléments innés dans le cerveau, et comment fonctionne la faculté de langage. Cette conception est à la source de l’explosion actuelle de recherches visant à valider les descriptions linguistiques théoriques au moyen de techniques de psycholinguistique expérimentale ou d’imagerie cérébrale.
Les applications des recherches linguistiques sont innombrables. Les méthodes d’enseignement de la lecture et de l’écriture, les méthodes d’enseignement des langues secondes, les tests d’évaluation du langage (par exemple en orthophonie), les dictionnaires, les grammaires, les moteurs de recherche, les outils de reconnaissance et de synthèse de la parole, les outils de traduction ou de fouilles linguistiques, les résumeurs automatiques, ces outils familiers et bien d’autres reposent sur des connaissances linguistiques et sur une conception de la nature du langage et de son traitement dans le cerveau des individus.
Mais comment les linguistes abordent-ils cette étude scientifique du langage ?
Les linguistes étudient le langage humain dans tous ses aspects. Les finalités des recherches en linguistique peuvent aller de la résolution de problèmes concrets au désir de comprendre la faculté de langage de l’être humain. Il est traditionnel de distinguer la linguistique fondamentale de la linguistique appliquée, bien qu’il n’y ait pas de frontière étanche entre les notions couvertes par ces termes.
La linguistique fondamentale recouvre l’étude des aspects formels des langues tels que la phonétique, la phonologie, la morphologie, la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. Appliquée à une langue donnée, l’étude de ces aspects formels constitue l’étude de la grammaire de cette langue. Une comparaison des grammaires des langues permet de mettre au jour les caractéristiques des langues humaines. Dans le cas du français, ce qu'on appelle la grammaire moderne ou nouvelle est une mise à jour de la grammaire traditionnelle sur la base des résultats des recherches linguistiques. La grammaire pour l'enseignement du français est fondée sur cette grammaire moderne.
La linguistique dite « appliquée » recouvre l’ensemble des domaines interdisciplinaires de recherche et de pratique portant sur des problèmes de langage et de communication qui peuvent être identifiés, analysés et résolus en appliquant des connaissances linguistiques, et qui peuvent en retour informer les connaissances linguistiques. Le Département de linguistique de l’UQAM s’intéresse à trois grands champs d’intervention en linguistique appliquée : la psycholinguistique (incluant le champ de l’acquisition de la langue première et des langues secondes), la sociolinguistique et la linguistique informatique.
Le domaine général de la psycholinguistique étudie le langage humain tel qu’incarné dans l’individu. Ce domaine d’étude fondamentalement expérimental, qui fait partie des sciences cognitives, porte sur la représentation mentale des connaissances linguistiques ainsi que sur les processus et les conditions d’acquisition et d’utilisation du langage. Il recouvre donc les recherches sur l’acquisition de la langue première et sur l’acquisition des langues secondes, que ce soit à l’oral ou à l’écrit.
Le domaine général de la sociolinguistique s’intéresse au langage humain tel qu’incarné dans les sociétés. Parmi les champs de spécialisation couverts par ce terme, on peut noter la variation linguistique, la sociologie de la langue, le multilinguisme, les conflits linguistiques, la planification linguistique.
Le domaine de la linguistique informatique s’intéresse à l’usage des technologies informatiques soit pour la génération automatique du langage, soit pour le traitement de données linguistiques dans le but de les analyser, de les modéliser, de les formaliser ou de les conserver. Avec l’universalisation des technologies informatiques, ce domaine acquiert de plus en plus d’importance.
L’avancement des connaissances en linguistique a eu un impact important dans plusieurs disciplines où le langage joue un rôle central, comme en psychologie, en informatique et en philosophie. L’interaction de ces disciplines a d’ailleurs donné lieu à la naissance d’un champ interdisciplinaire particulièrement florissant, celui des « sciences cognitives ».
Et que peut-on faire avec une formation en linguistique ?
Les habiletés développées en étudiant la linguistique (l’attention aux détails, la capacité de formuler et de tester des hypothèses, le raisonnement analytique, etc.) sont des outils utiles peu importe les chemins qui seront parcourus par la suite, que ce soit la poursuite des études en linguistique ou dans des domaines connexes tels que l’orthophonie ou l’enseignement, ou l’insertion sur le marché du travail où les débouchés sont nombreux et variés, entre autres dans le traitement et l’analyse de données, la rédaction et la révision de textes, et l’enseignement.
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